Франція. La Cerisaie

 

Anton Pavlovitch Tchékhov

LA CERISAIE

1904

Traduction de Denis Roche

 

PERSONNAGES

RANIEVSKAÏA LIOUBOV ANDRÉÏEVNA, propriétaire.

ANIA, sa fille, dix-sept ans.

VARIA, sa fille adoptive, vingt-quatre ans.

GAÏEV LÉONID ANDRÉÏEVITCH, frère de Mme Ranievskaïa.

LOPAKHINE ERMOLAÏ ALEKSÉÏEVITCH, marchand.

TROFIMOV PIOTR SERGUÉÏEVITCH, étudiant.

SIMEONOV-PICHTCHIK BORIS BORISSOVITCH, propriétaire.

CHARLOTTA IVANOVNA, institutrice.

EPIKHODOV SEMION PANTELÉÏEVITCH, comptable.

DOUNIACHA, femme de chambre.

FIRS, valet de chambre, quatre-vingt-sept ans.

IACHA, jeune valet de chambre.

UN PASSANT.

UN CHEF DE GARE.

UN EMPLOYÉ DE LA POSTE.

INVITÉS, DOMESTIQUES.

 

L’action se passe dans la propriété de Mme Ranievskaïa.

 

ACTE I

La chambre qui est encore appelée la chambre des enfants ; une des portes donne dans la chambre d’Ania. L’aube ; le soleil va bientôt se lever. Commencement de mai ; cerisiers déjà fleuris ; mais il fait encore froid ; légère gelée blanche. Les fenêtres de la chambre sont fermées.

 

Scène première

Entrent Douniacha, avec une bougie, et Lopakhine, tenant unlivre.

 

LOPAKHINE. - Enfin le train est arrivé ! Quelle heure est-il ?

DOUNIACHA. - Près de deux heures. (Elle éteint la bougie.)Il fait déjà jour.

LOPAKHINE. - Combien le train a-t-il de retard ? Au moins deux heures. (Il bâille et s’étire.)Quel imbécile je fais ! Je viens exprès ici pour aller les attendre à la gare, et je laisse passer l’heure. Je m’endors sur une chaise ! C’est malheureux ! Tu aurais dû me réveiller !

DOUNIACHA. - Je vous croyais parti. (Elle tend l’oreille.) Ah ! je crois que les voici qui arrivent.

LOPAKHINE, écoutant aussi.- Non... Le temps de prendre les bagages, ceci, cela. (Un temps.)Lioubov Andréïevna vient de passer cinq ans à l’étranger. Comment est­elle maintenant ? C’est une excellente femme, simple, agréable à vivre. Je me rappelle, quand j’étais un blanc-bec de quinze ans, mon défunt père, qui tenait une boutique dans le village, me flanqua un coup de poing dans la figure, et mon nez se mit à saigner. Nous étions venus ici je ne sais pourquoi, et mon père était un peu ivre. Lioubov Andréïevna, toute jeune encore, toute mince, me mena à ce lavabo, dans cette chambre des enfants, et me dit : « Ne pleure pas, mon petit moujik ; avant ton mariage il n’y paraîtra plus. » (Un temps.)Mon petit moujik ! C’est vrai que mon père était un paysan, et moi je porte des gilets blancs et des souliers jaunes !... Un groin de porc à portée des friandises. Tout nouvellement enrichi ; beaucoup d’argent !... Mais, à tout peser et considérer, rien qu’un paysan. (Il feuillette un livre.)J’ai lu ce livre et n’y ai rien compris ; ça m’a endormi.

Un silence.

DOUNIACHA. - Les chiens n’ont pas dormi cette nuit ; ils sentent que leurs maîtres reviennent.

LOPAKHINE. - Qu’est-ce qui t’arrive, Douniacha ?

DOUNIACHA. - Mes mains tremblent. Je vais me trouver

mal.

LOPAKHINE. - Tu es trop douillette, Douniacha ! Et tu t’habilles et te coiffes en demoiselle. Ce n’est pas bien ; il faut se souvenir de ce qu’on est.

Scène II

LES MÊMES, EPIKHODOV

Epikhodov entre, tenant un bouquet. Veston, bottes très cirées, qui crissent. Epikhodov laisse tomber son bouquet, le ramasse,

et le remet à Douniacha.

EPIKHODOV. - Le jardinier envoie ces fleurs pour la salle à manger.

Douniacha prend les fleurs.

LOPAKHINE, à Douniacha.- Apporte-moi du kvas.

DOUNIACHA. - Bien, monsieur.

Elle sort.

EPIKHODOV. - Trois degrés, de la gelée blanche, et les cerisiers en fleur ! Je ne saurais approuver notre climat ! (Il soupire.)Il ne peut rien donner à propos. Ermolaï Alekséïevitch, j’ajouterai que j’ai acheté avant-hier une paire de bottes, et, j’ose vous l’affirmer, elles crissent au-delà de toute permission. Avec quoi pourrait-on bien les graisser ?

LOPAKHINE. - Tu m’ennuies ; laisse-moi.

EPIKHODOV. - Il n’est pas de jour où il ne m’arrive quelque malheur ; et je ne me plains pas ; j’y suis même habitué ; je souris.

Douniacha apporte le kvas et sert Lopakhine.

EPIKHODOV. - Je m’en vais. (Il se heurte à une chaise qui tombe. D’un air de triomphe.)Voilà ! Vous voyez ! Pardon, pour l’expression, quelle mésaventure entre autres. C’est vraiment remarquable !

Il sort.

DOUNIACHA. - Et moi, il faut que je vous l’avoue, Ermolaï Alekséïevitch, Epikhodov m’a fait une demande en mariage.

LOPAKHINE. - Ah !

DOUNIACHA. - Je ne sais que faire. C’est un homme doux, mais souvent, quand il vous parle, on ne comprend rien. Ce qu’il dit est touchant et bien ; mais on ne comprend pas. Je crois qu’il me plaît. Il m’aime à la folie ; mais c’est un homme à malheurs ; tous les jours il lui arrive quelque chose ; on l’a surnommé Vingt-Deux-Malheurs.

LOPAKHINE, prêtant l’oreille.- Je crois que les voici.

DOUNIACHA. - C’est eux ! Qu’est-ce qui m’arrive ?... Je me sens toute froide.

LOPAKHINE. - Oui, c’est eux ! Allons à leur rencontre. Va- t-elle me reconnaître ? Il y a cinq ans que nous ne nous sommes vus.

DOUNIACHA, émue.- Je défaille !... Ah ! je défaille !

On entend arriver deux voitures. Lopakhine et Douniacha sortent précipitamment. La scène est vide. On entend du bruit dans les pièces voisines. Firs, revenant de la gare où il est allé chercher Mme Ranievskaïa, traverse la scène, appuyé sur un bâton. Il porte une livrée ancienne et un chapeau haut de forme. Il marmonne quelque chose. Le bruit, derrière la scène, augmente. Une voix : Passons par ici. Mme Ranievskaïa, Ania et Charlotta Ivanovna ; cette dernière mène un petit chien, attaché par une chaînette ; toutes trois sont en costume de voyage. Varia a un manteau ; sur la tête, un mouchoir en marmotte. Gaïev, Simeonov-Pichtchik, Lopakhine, Douniacha tient un gros paquet enveloppé dans du linge et un parapluie ; des domestiques apportent les bagages. Tous traversent la

scène.

ANIA. - Maman, te rappelles-tu cette chambre ?

MME RANIEVSKAÏA, joyeuse, les larmes aux yeux.- La chambre des enfants !

VARIA. - Comme il fait froid ; j’ai les doigts gelés. (à Mme Ranievskaïa.)Mère, vos deux chambres, la blanche et la violette, n’ont pas été touchées.

MME RANIEVSKAÏA. - La chambre des enfants. Comme je l’aime, comme elle est jolie ! J’y couchais quand j’étais petite. (Une larme.)Et encore aujourd’hui, je suis comme toute petite. (Elle embrasse son frère, puis Varia, et encore son frère.)Varia aussi est toujours la même ; elle a l’air d’une religieuse. J’ai aussi reconnu Douniacha.

Elle l’embrasse.

GAÏEV. - Le train a eu deux heures de retard, qu’en pensez-vous !. Quel ordre !

CHARLOTTA, à Pichtchik.- Mon chien mange même des noisettes[1].

PICHTCHIK, étonné.- Voyez-moi ça !

Tous sortent, sauf Ania et Douniacha.

DOUNIACHA. - Comme on vous attendait !.

Elle aide Ania à quitter son manteau et son chapeau.

ANIA. - Voilà quatre nuits que je ne dors pas ; je suis toute transie.

DOUNIACHA. - Au moment du carême, quand vous êtes partie, il y avait de la neige, il gelait ; ce n’est pas comme maintenant. Ah ! chère mademoiselle ! (Elle rit et l’embrasse.) Comme il me tardait de vous voir, ma joie, ma lumière, mon cœur !. Il faut que je vous le dise sans perdre une seconde.

ANIA, fatiguée.- Encore une histoire.

DOUNIACHA. - Epikhodov, le comptable, m’a demandée en mariage après Pâques.

ANIA. - Tu songes toujours à la même chose. (Elle arrange ses cheveux.)J’ai perdu toutes mes épingles.

Elle est très fatiguée et vacille.

DOUNIACHA. - Je ne sais que faire. Il m’aime, il m’aime extrêmement !

ANIA, regardant avec tendresse du côté de sa chambre.- Ma chambre, mes fenêtres ! c’est comme si je n’étais pas partie. Je suis chez moi ! Demain, je courrai au jardin. Ah ! si je pouvais dormir ! Toute la route je n’ai pas dormi, tant j’étais inquiète.

DOUNIACHA. - Avant-hier, Piotr Serguéïevitch est arrivé

ici.

ANIA, joyeuse...- Pierre[2] ?

DOUNIACHA. - Il s’est installé dans le pavillon du bain ; il dort. Il a eu peur de gêner. (Elle regarde sa montre.)Il faudrait le réveiller, mais Varvara Mikhaïlovna m’a défendu de le faire.

Entre Varia, son trousseau de clefs à la ceinture.

VARIA. - Douniacha, du café, vite ! Mère demande du café.

DOUNIACHA. - Tout de suite.

Elle sort.

VARIA. - Enfin vous voilà arrivées, Dieu merci ! Te voici revenue. (La caressant.)Ma chérie est revenue, ma belle !

ANIA. - Ce que j’en ai vu, Varia !

VARIA. - Je me le figure.

ANIA. - Quand je suis partie, cette semaine d’avant Pâques, il faisait très froid. Charlotta, toute la route, n’a cessé de parler et de faire des tours de passe-passe. Pourquoi m’as-tu empêtrée de cette Charlotta, Varia ?

VARIA. - À dix-sept ans, tu ne pouvais pourtant t’en aller toute seule à l’étranger.

ANIA. - Nous arrivons à Paris, il y faisait froid ; il y avait de la neige. Je parle atrocement le français. Maman habite le cinquième étage. Je trouve chez elle des Français, des dames, un vieux prêtre, tenant un livre. Partout de la fumée de tabac ; aucun confort. J’ai eu soudain pitié de maman ; j’ai pris sa tête dans mes mains et ne pouvais plus la lâcher. Puis, maman m’a caressée, a pleuré.

VARIA, les larmes aux yeux.- Tais-toi, ne raconte plus !

ANIA. - Maman avait déjà vendu la villa de Menton ; il ne lui restait rien. Moi non plus, il ne me reste pas un sou. C’est tout juste si nous avons pu revenir. Et maman ne se rend compte de rien ! En voyage, nous mangeons aux buffets ; elle demande tout ce qu’il y a de plus cher et donne aux garçons des roubles de pourboire ; Charlotta fait de même ; Iacha, un domestique de maman (nous l’avons amené ici), se fait servir tout un dîner ; c’est affreux.

VARIA. - Je l’ai vu, ce flandrin.

ANIA. - Et, ici, Varia, que s’est-il passé ? Les intérêts sont- ils payés ?

VARIA. - Avec quoi les payer ?

ANIA. - Mon Dieu, mon Dieu !

VARIA. - On vendra la cerisaie au mois d’août.

ANIA. - Mon Dieu !

Lopakhine entrouvre la porte, les aperçoit, fait « Hum », et s’en

va.

VARIA, toujours pleurant, tendant le poing vers Lopakhine. - Voilà ce que je lui donnerais à celui-là !

ANIA, elle embrasse Varia doucement.- Varia, est-ce qu’il t’a demandée en mariage ? (Varia hoche la tête)Mais, voyons, il t’aime. Pourquoi ne vous expliquez-vous pas ? Qu’attendez- vous ?

VARIA. - Je crois que cela ne se fera pas. Il est très occupé et ne pense pas à moi. Que Dieu le bénisse ! Il m’est pénible de le voir. Tout le monde parle de notre mariage ; tout le monde me félicite ; et, au fond, il n’y a rien du tout. C’est comme un songe. (Changeant de ton.)Ah ! la jolie broche que tu as ! une abeille ?

ANIA, tristement.- C’est maman qui me l’a achetée. (Elle va vers sa chambre et dit joyeusement, comme un enfant.) Varia, à Paris, je suis montée en ballon !

VARIA. - Ma jolie, ma chère Ania est revenue.

Douniacha, revenant avec une cafetière, prépare le café.

VARIA, près de la porte d’Ania.- Tout le jour, ma chérie, je trotte dans la maison et ne songe qu’à une chose : te voir mariée à un homme riche. Alors je serais tranquille et m’en irais dans un couvent. Ensuite, Kiev. Moscou. tous les lieux saints ; je les visiterais et encore et encore. Quelle splendeur divine !

ANIA. - Au jardin les oiseaux chantent. Quelle heure est-

il ?

VARIA. - Il doit être trois heures. Il est temps que tu dormes, chérie. (Elle entre dans la chambre d’Ania)Splendeur divine !

Entre Iacha, portant un plaid et une valise ; il traverse la scène

en prenant des airs.

IACHA. - On peut passer par ici ?

DOUNIACHA. - On ne vous reconnaîtrait plus, Iacha. Comme vous avez changé à l’étranger !

IACHA. - Hum ! Et vous. qui êtes-vous ?

DOUNIACHA. - Quand vous êtes parti je n’étais pas plus haute que ça. Je suis Douniacha, la fille de Fiodor Kozoïédov. Vous ne vous rappelez plus ?

IACHA. - Ah !. mon petit chou !

Il regarde autour de lui et lui prend la taille. Douniacha pousse un cri et laisse tomber une soucoupe. Iacha sort vite.

VARIA, sur le seuil, d’un ton mécontent.- Qu’y a-t-il encore là-bas ?

DOUNIACHA, les larmes aux yeux.- J’ai cassé une soucoupe.

VARIA. - C’est bon signe.

ANIA, sortant de sa chambre.- Il faudrait prévenir maman que Pierre est ici.

VARIA. - J’ai donné ordre de ne pas le réveiller.

ANIA. - Il y a six ans que mon père est mort. Un mois après, mon frère Gricha se noyait dans la rivière ; un joli gamin de sept ans. Maman n’a pas pu en endurer davantage ; elle est partie, partie pour ne plus revenir. (Elle frissonne.)Ah ! si elle


savait comme je la comprends ! (Un silence.)Pierre Trofimov était alors précepteur de Gricha. Il peut tout lui rappeler.

Entre Firs, en veston et gilet blanc. Il va vers la table, préoccupé.

FIRS. - Madame prendra-t-elle le café ici ?. (Il met ses gants blancs.)Le café est prêt ? (Sévèrement, à Douniacha.)Eh bien, toi, à quoi penses-tu ? Et la crème ?

DOUNIACHA. - Ah ! mon Dieu !

Elle sort précipitamment.

FIRS, arrangeant la table.- Ah ! empotée !. (Il marmonne.)Elles reviennent de Paris. et monsieur, lui aussi, autrefois, allait à Paris. en voiture.

Il rit.

VARIA. - Firs, qu’as-tu à rire ?

FIRS. - Que désirez-vous ? (Joyeux.)Madame est revenue. J’ai vécu jusqu’à ce jour-là ; maintenant je peux mourir.

Il pleure de joie. Entrent Mme Ranievskaïa, Gaïev et Simeonov- Pichtchik. Simeonov-Pichtchik porte le costume russe en drap fin, large pantalon et bottes. Gaïev fait, des bras et du buste, des gestes comme s’il jouait au billard.

MME RANIEVSKAÏA. - Comment est-ce ? Laissez-moi me rappeler. La jaune dans l’angle ; doublé au milieu.

GAÏEV. - Je pousse dans l’angle !. Dire qu’il fut un temps, ma sœur, où nous donnions dans cette chambre-là. Et maintenant, j’ai déjà cinquante et un ans ! Est-ce étrange !

LOPAKHINE. - Oui, le temps passe.

GAÏEV. - Quoi ?

LOPAKHINE. - Je dis le temps passe.

GAÏEV. - Ici, ça sent encore le patchouli.

ANIA. - Je vais aller dormir. Bonne nuit, maman.

Elle embrasse sa mère.

MME RANIEVSKAÏA. - Chère petite adorée. (Elle lui baise les mains.)Tu es heureuse d’être à la maison ! Moi, je n’en reviens pas encore.

ANIA. - Bonjour, mon oncle.

GAÏEV, il l’embrasse et lui baise les mains.- Dieu te garde, mignonne ! Comme tu ressembles à ta mère ! (À Mme Ranievskaïa.)À son âge, Liouba, tu étais exactement ainsi.



[1]
Au Théâtre artistique, à Moscou, on donne à Charlotta Ivanovna un accent un peu étranger. (N. d. T.)

[2]   Exactement : Pétia,diminutif de Piotr. On peut substituer ce nom-là partout où nous avons cru pouvoir mettre Pierre ;cette forme française, dans la bouche des principaux habitants de la Cerisaie, aurait à peu près la même qualité d’affection familière que Pétia.(N. d. T.)

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