Франція. Lettres familières

 

Montesquieu   Lettres familières

 

MONTESQUIEU

 

ŒUVRES COMPLÈTES

 

ÉDITION ÉDOUARD LABOULAYE

 

GARNIER FRÈRES, 1875

 

LETTRES FAMILIÈRES

PRÉFACE DE L’ÉDITEUR

 

C’est en 1767 que parurent les Lettres familières du Président de Montesquieu, baron de la Brède, à divers amis d’Italie.

 

L’ouvrage ne porte pas de nom d’éditeur, ni de pays ; c’est un volume in-12 de 264 pages ; il a été imprimé en Italie, à Florence, suivant toute apparence, et l’éditeur, qu’il est facile de reconnaître, est l’abbé de Guasco, un des hommes que Montesquieu a le plus aimés. Le titre de l’ouvrage est gravé. En regard du titre on a donné une copie de la médaille de Montesquieu, œuvre de Dassier. Sur la face est la tête de Montesquieu avec l’inscription Carol. de Secondât, Daro de Montesquieu ; le revers présente deux femmes : l’une, qui n’est pas vêtue, est assise sur un nuage ; le bras appuyé sur l’Esprit des lois, elle tient de la main gauche une palme et de la droite un miroir rayonnant ; c’est, je crois, la Nature. L’autre, qui tient dans la main droite un bandeau, et dans la gauche une balance et un glaive, est la Justice. L’inscription Hinc jura, placée au-dessus de la tête des deux femmes, signifie, j’imagine, que c’est de la nature que viennent toutes les lois ; c’est le même sens que la devise Docuit quœ maximus Atlas, qui, en tête du vingtième livre, ouvrait le second tome de l’Esprit des lois dans les premières éditions.

 

Ce volume, plusieurs fois réimprimé la même année1, contient LX lettres, sans compter deux fragments de lettres de M. de Secondat, fils de Montesquieu, et deux petits poèmes italiens. Les lettres LIV, LV et LVII sont des plus désagréables pour madame Geoffrin, qui avait rompu avec l’abbé de Guasco ; les notes de l’abbé sont plus que satyriques ; il paraîtrait que la bonne dame et ses amis auraient été profondément blessés de ces attaques, et que, pour éviter un scandale, on aurait publié une nouvelle édition des Lettres familières, d’où l’on aurait retranché les lettres concernant madame Geoffrin et sa querelle avec l’abbé.

 

Il est certain que l’édition existe, et il est difficile de comprendre quelle autre personne que madame Geoffrin, ou ses amis, auraient eu intérêt à publier cette édition mutilée2.

 

Elle est intitulée : Lettres familières par M. le Président de Montesquieu, NOUVELLE édition augmentée de plusieurs lettres, et autres ouvrages du même auteur, qui ne se trouvent pas dans les éditions précédentes, à Florence, et se trouvent à Paris chez Vincent, rue Saint-Severin, Durand neveu, rue Saint-Jacques, MDCCLXVII.

 

Cette édition contient LXIII lettres, non compris les deux fragments de M. de Secondat, le Portrait de madame de Mirepoix et les Adieux à Cènes, deux pièces de vers de Montesquieu. Les lettres sont suivies de la Réponse aux observations sur l’Esprit des lois, œuvre de M. Risteau.

 

Ce sont les seules collections de lettres de Montesquieu qu’on ait publiées3 ; mais depuis un siècle il a paru un certain nombre de lettres qui ont été recueillies par les divers éditeurs des œuvres complètes. L’édition De Bure, donnée par M. Ravenel en 1834, n’en contient pas moins de quatre-vingt-seize ; j’en donne plus de cent cinquante, aussi est-ce un devoir pour moi de remercier toutes les personnes qui ont bien voulu mettre à ma disposition leurs richesses, et en premier lieu M. Vian, qui m’a généreusement offert une collection faite avec des recherches infinies durant plus de quinze ans.

 

Je remercierai également sir William Ffolkes, qui a tiré de ses archives huit lettres complètement inconnues en France et adressées à Martin Ffolkes, ami de Newton, et président de la Société royale de Londres. Ces lettres nous donnent quelques indications sur les liaisons de Montesquieu dans son voyage d’Angleterre, et à ce titre ne manquent pas d’intérêt.

 

M. de Ravignan m’a communiqué les lettres écrites à un de ses ancêtres, M. de Navarre, ami de jeunesse de Montesquieu, MM. de Fiers, Badin, de la Sicotière, Charavay m’ont donné copie des précieux autographes qu’ils possèdent. M. Cougny, professeur de l’Université, m’a retrouvé des lettres perdues dans un livre oublié. MM. Tamisey De Larroque, correspondant de l’Institut, M. Céleste, employé à la bibliothèque de Bordeaux, M. Masson, à Londres, m’ont signalé et envoyé plus d’une lettre curieuse. J’oublie peut-être quelques-uns de ces généreux donateurs, mais j’ai indiqué la provenance de chaque pièce, et reconnu ainsi mes obligations.

 

Ces lettres nouvelles ajouteront-elles à la gloire de Montesquieu ? je n’en crois rien ; elles sont écrites simplement, facilement, sans aucune prétention littéraire, et ne renferment pas de faits assez importants pour attirer l’attention de l’historien. Ce sont néanmoins des documents précieux pour la biographie de Montesquieu. On y trouve au plus haut degré la bonne humeur et la gaîté gasconnes ; rien de pédant, rien qui sente la jalousie littéraire ; un esprit facile, un cœur ouvert ; on reconnaît là l’homme qui se sentait heureux de vivre, et qui l’a dit si naïvement dans son portrait.

 

Pour les lettres publiées par Guasco, j’ai suivi la première édition, qui est plus complète, et d’un texte plus pur que la seconde ; j’ai conservé toutes les notes de l’abbé ; non qu’elles soient toujours intéressantes (il y est trop souvent question de lui), mais aujourd’hui où l’on est friand de détails sur le XVIIIe siècle, j’ai pensé qu’on me saurait bon gré de ne rien négliger, et que mon édition serait incomplète si les curieux étaient forcés d’aller chercher à grand’peine la très rare édition de Guasco.

 

Décembre 1878.

 

1 J’en ai eu entre les mains quatre autres éditions de 1767, une est datée de Londres, une autre de Rome (suivant toute apparence elle a été faite en Italie) ; les deux dernières sont sans indication de lieu. A juger par le caractère de l’impression, l’une est de Suisse, et l’autre de Paris.

 

2 Il existe quelques exemplaires d’une édition sans indication de lieu (celle méme que j’ai indiquée plus haut comme étant de Paris), d’où l’on a fait disparaître les pages 237-238, qui contiennent ces fameuses lettres. On s’est contenté de mettre à la fin un Avis où il est dit que « cette édition ayant été faite un peu à la hâte, il s’est glissé deux fautes : la première, c’est qu’après le folio 236 on a mis 250, la seconde, est qu’ensuite de la Lettre LIII on a mis LVIII Ce qui ferait croire qu’il y a une lacune dans l’ouvrage, tandis qu’il n’y en a qu’une dans l’attention du correcteur. » Le mensonge était trop grossier, c’est ce qui décida sans doute â faire la NOUVELLE ÉDITION

 

3 Il faut cependant mentionner les Lettres originales de Montesquieu au chevalier d’Aydie, publiées à Paris, chez Ch. Pougens, an V (août 1797). C’est une plaquette de 16 pages, qui contient huit lettres.

AVIS DE L’ÉDITEUR

DE 17671

 

Dans un voyage que je fis il y a quelques années en Italie, je me liai avec des personnes qui avaient eu une correspondance réglée avec l’illustre M. de Montesquieu, et on me fit voir quelques-unes de ces lettres. Cela me fit naitre l’idée d’en faire un recueil. On applaudit à mon projet ; quelques personnes voulant en faciliter l’exécution m’ont procuré celles qu’ils avaient entre les mains ; d’autres m’ont remis celles que ce grand homme leur avait écrites ; je les donne aujourd’hui au public, persuadé qu’il me saura gré du présent que je lui fais.

 

Je sais que quand M. de Montesquieu écrivait ses lettres, il ne supposait pas qu’on les conserverait, et qu’elles deviendraient un jour publiques. Je sais encore que ces lettres n’ajoutent rien à la réputation de cet auteur célèbre ; mais elles sont propres à faire connaitre quelques circonstances de sa vie, ses liaisons étrangères, la bonté de son cœur envers ses amis et l’estime qu’il avait pour eux, titres trop précieux pour ceux-ci, pour ne pas rendre très-légitime leur amour-propre et leur empressement à faire connaître les monuments de leur correspondance avec un ami aussi respectable. « Si jamais je me trouvais dans le cas de devoir faire mon apologie, me disait un de ceux-ci, qui a été lié particulièrement avec lui, je ne dirais autre chose, sinon que je fus l’ami de Montesquieu et que j’en fus estimé, et je croirais en avoir dit assez. »

 

Quoique ce ne soient ici que des lettres familières, on y trouve souvent des choses intéressantes, des anecdotes curieuses, de ces traits de lumière, cette légèreté et ces saillies qui font le caractère des ouvrages de ce grand homme. Quelques-unes de ces lettres étant écrites d’un caractère peu lisible, d’autres étant mal conservées, il se sera peut-être glissé quelques inexactitudes dans la copie que j’en ai fait faire, mais je puis assurer que cela n’est pas arrivé souvent et n’a occasionné aucune altération essentielle. D’ailleurs, dans des écrits de cette espèce, on ne doit point être choqué de certaines négligences, qui sont inévitables, comme on n’est point choqué de voir dans son négligé une belle femme qu’on n’a vue que dans sa parure. Il n’est peut-être pas indifférent à l’histoire de l’esprit humain de connaître les différentes nuances que présentent même les génies, et il est utile de voir ceux-ci, ainsi que les héros, dans leur façon et manière d’être familière.

 

Je voudrais bien que cet exemple encourageât ceux qui, en France, auront des lettres de cet illustre écrivain à les faire aussi connaitre, persuadé que son âme et son esprit s’y trouvent également, car on le voit dans ses lettres tel qu’il était dans la conversation. Si un amas de petites anecdotes, d’entretiens particuliers, de bons mots, de quolibets, de sentiments et de saillies d’un des plus beaux esprits du siècle2, dont un des quarante de l’Académie française3 a entretenu très-diffusément et pendant longtemps le public, dans les Mercures de France, en a rendu la lecture intéressante, combien à plus forte raison les monuments d’amitié de la tête, à bien des égards, la mieux pensante de notre siècle, de l’homme qui, selon l’expression d’un écrivain connu4, a fait le Code du genre humain, et qui est regardé comme le législateur de toutes les nations, doivent-ils être recherchés et conservés, quand ce ne serait que comme des Mémoires littéraires.

 

Je me flatte au reste qu’on ne désapprouvera pas les notes que j’ai faites sur quelques endroits de ces lettres5. Elles ont paru utiles pour l’intelligence du texte, et nécessaires pour donner une connaissance des personnes et des faits dont il est question, surtout en Italie, où cette collection a été désirée.

 

1 L’abbé de Guasco, à qui un grand nombre de ces lettres sont adressées.

 

2 Fontenelle.

 

3 L’abbé Trublet.

 

4 Voltaire.

 

5 Ces notes sont désignées dans notre édition par un G.

LETTRE I1.

A M. DES MOLETS2, PRÊTRE DE L’ORATOIRE,

RUE SAINT-HONORÉ, A PARIS.

 

J’ai reçu votre lettre, mon cher Abbé, qui m’a fait tout le plaisir du monde. Je vous dirai que je fus reçu hier de notre Académie3, et que je me prépare à faire mes remerciements pour être installé le premier jour de mai4. Je vous prie de faire part de ceci à M. Suret, et lui témoigner la joie que j’ai d’être son collègue. Je serais bien aise que vous voulussiez entreprendre le voyage de Bagnères5. A présent que les financiers, les seuls riches du royaume, vont être à l’hôpital6, nous allons être riches, nous ; car tout se doit regarder par proportion. Ainsi vous allez être aussi grand seigneur avec deux mille livres de rente que si vous en aviez quatre. Vous voyez que vous avez là de quoi vous conduire jusque Bordeaux.

 

Je suis, monsieur mon très-cher ami, de toute mon âme, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

 

SECONDAT DE MONTESQUIEU.

 

Comme je ne sais point l’adresse de M. de Navarre7, permettez que je lui écrive ici. Je vous prie de vouloir lui laisser lire ces mots8 :

 

Les marques de votre souvenir me sont bien chères, monsieur. Monsieur votre père que j’eus l’honneur de voir quelques jours après votre depart, me dit que votre voyage ne serait pas long ; et je vois à présent que les plaisirs vous ont retenu. Vous n’en9 sauriez goûter de plus solide que celui de voir souvent notre abbé. Car pour les Chloris10 dont vous étiez autrefois si enchanté, je les donnerais toutes au diable, car si elles sont saines de corps, ce qui est très-rare, elles ne sont point saines d’esprit.

 

Je suis, monsieur, de toute mon âme, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

 

SECONDAT DE MONTESQUIEU.11

 

[4 avril 1710.]

 

1 Tirée des archives de M. de Ravignan.

 

2 Sur le père Desmolets, voyez la lettre à l’abbé de Guasco, datée de Paris, 1740.

 

3 L’académie de Bordeam. Suivant l’éloge de d’Alembert, Montesquieu fut reçu le 3 avril 1716.

 

4 V. ci-dessus le discours de Montesquieu, prononcé le 1er mai 1716, pour sa réception à l’académie de Bordeaux.

 

5 Le mot est écrit Banieres dans l’original.

 

6 Allusion à la chambre de Justice instituée dans les premières années de la Régence.

 

7 M. de Navarre, conseiller au parlement de Bordeaux, un des ancêtres de M. de Ravignan, dans la ligne maternelle.

 

8 L’original porte les mots ou ces mots.

 

9 L’original porte : Vous ne sauriez, etc.

 

10 Écrit Cloris dans l’original.

 

11 La date de la lettre est fixée par la mention de la réception à l’Académie et du discours à prononcer le 1er mai 1716. La lettre est donc du 4 avril 1716.

LETTRE II.

A M. DE CAUPOS, VICOMTE DE BISCAROSSE, ET A SON ABSENCE A M. DE SARRAU DE VÉSIS,

A BORDEAUX.

 

Je vous écris, mon cher confrère, aujourd’hui vendredi, parce que demain matin je dois aller à la campagne pour tout le jour. J’écrivis à M. de Vésispar l’extraordinaire de mercredi, et lui demandai excuse d’avoir laissé passer deux courriers sans lui écrire. Ayant appris que le duc1 était arrivé dès le matin de la campagne, et retournait le soir, j’y allai à une heure, comptant bien qu’il me prierait à dîner, et je comptais que dans tout le temps que nous serions ensemble, il ne pourrait guère s’empêcher de me parler de l’affaire de l’Académie ; mais il m’en garda entièrement le secret.

 

Après dîner, je passai chez Bernard, qui me dit qu’il avait parlé de l’affaire à M. le Duc, qui lui avait dit qu’il voyait que le motif de l’Académie en lui demandant le droit de réversion était de faire un emprunt par elle ou par nous ; que, cet emprunt fait, il arriverait qu’on laisserait arrérager les intérêts ; qu’il arriverait de là infailliblement qu’on ferait quelque jour décréter la maison contre son intention qui avait été que cette maison fût pour jamais à l’Académie ; mais que si on pouvait lui fournir un expédient qui obviât à cette difficulté, il s’y prêterait.

 

J’eus un beau champ pour battre M. Bernard, et je le poussai si bien qu’il ne put plus soutenir le procédé, et me dit : « Dès que vous serez chez vous, écrivez-moi une lettre que je puisse montrer qui soit comme une suite de notre conversation, et que je puisse montrer à M. le Duc. » Je souscrivis à cet expédient, j’admirai son esprit, et je lui envoyai la lettre dont vous trouverez ici la copie2.

 

Je comptais partir dimanche prochain, mais cette affaire pourrait bien me retenir quelques jours, étant bien aise de veiller et de savoir l’effet qu’aura produit ma lettre.

 

Je vous prie de dire à M. de Vesis que j’ai fait les commissions, et que je compte les porter moi-même.

 

Je ne sache rien ici de nouveau si ce n’est qu’on recommence à y parler de la peste ; cette conversation avait été longtemps assoupie.

 

On continue à dire qu’on refera de nouvelles actions3. Ce qu’il y a de certain, c’est que toutes les manufactures d’autour de Paris sont, les unes totalement, les autres presque détruites.

 

Je fus hier à la Verrerie où je trouvai maison à louer ; j’habite, mon cher confrère, un f... pays, et je serai charmé pour bien des raisons d’avoir le plaisir de vous voir, et de boire avec vous.

 

Je vous embrasse mille fois, et suis votre très-humble et très-obéissant serviteur.

 

MONTESQUIEU.

 

Je vous prie de saluer bien fort de ma part MM. de Sarrau, de Barbot4, et M. le Président de Gasc.

 

Il y a quelque chose dans ma lettre à Bernard concernant l’Académie, qui pourrait n’être pas du goût de certaine personne que je sais. Vous savez mieux que moi à qui vous devez la montrer. Adieu.

 

On me mande de Hollande que la 2e édition des L. P.5 va paraître avec quelques corrections6.

 

[1721 ?]

 

1 Le duc de La Force, protecteur de l’académie de Bordeaux. V. sup. son éloge fait par Montesquieu.

 

2 Nous n’avons pas cette copie.

 

3 Actions de la banque de Law.

 

4 Barbot, président de la cour des aides de Guyenne, et grand ami de Montesquieu. Il est souvent question de lui dans la correspondance.

 

5 Lettres persanes.

 

6 Cette lettre a été publiée dans le Bulletin de l’académie de Bordeaux, et reproduite dans le Bulletin du Bouquiniste, 2e année, 1858, p. 301. Elle n’est pas datée, mais la mention des nouvelles actions, de la peste, et de la seconde édition des Lettres persanes, permet d’en fixer la date à l’année 1721.

LETTRE III1.

A MONSIEUR LE MARQUIS DE LA VRILLIÈRE.

 

Monseigneur,

 

J’ose vous demander votre protection pour une grâce du Roi, qui est une véritable justice.

 

Il y a une petite île, le long de ma terre de Montesquieu sur la Garonne, de la contenance de deux ou trois arpents, qui s’est formée, il y a environ quinze ans, à la place d’une plus grande qui m’appartenait, et qui fut emportée par une inondation. Comme l’intervalle depuis la destruction de la première et la naissance de la seconde a été très peu considérable, j’en ai continué la possession comme d’une dépendance de ma terre de Montesquieu ; mais je crains que quelqu’un ne surprenne une donation du roi à mon préjudice, ce qui me ferait infiniment plus de chagrin que la chose ne vaut, d’autant plus que, comme les fonds adjacents m’appartiennent, les ouvrages qu’un autre propriétaire ferait dans cette petite île achèveraient de m’emporter tous mes fonds, parce que la rivière est absolument déterminée contre moi.

 

Vous vous souviendrez peut-être, Monseigneur, que lorsque j’eus l’honneur de vous voir, étant à Paris, sur une petite pension qui vacquait au Parlement de Bordeaux, et qui fut donnée à M. de la Tresne, je vous portai des amples témoignages des anciens services de ma famille ; je vous suis d’ailleurs tout dévoué, et, j’ose dire même, un peu parent, par la maison de Fontenac. Si vous m’honorez d’une réponse favorable, j’aurai l’honneur de vous faire présenter mon placet par mon avocat au conseil. Je suis, etc.

 

MONTESQUIEU.

 

A Bordeaux, ce 22 novembre 1723.

 

1 Communiquée par M. Céleste.

LETTRE IV1.

A MADAME DUVERGIER2,

A BORDEAUX.

 

Je vous supplie, Madame, de vouloir bien nous donner des nouvelles de M. le Procureur général... Malgré les manières obligeantes que vous eûtes pour nous retenir, nous fûmes pourtant un peu ingrats ; car, pendant que nous fûmes dans un petit chemin, quoique entre deux ruisseaux, nous ne formâmes pas une seule pensée galante ; mais nous avons bien réparé cela depuis le retour. Madame de Bouran vient d’envoyer chez moi pour savoir où a couché M. votre mari. A tout cela, Madame, je réponds que vous et madame Dangeart, arrangez et dérangez tout ce que vous voulez. Je suis, Madame, beaucoup plus qu’hier au soir, etc.

 

Bordeaux, 7 août 1725.

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