Франція. Discours sur l'égalité d'éducation

 

Document1: Discours de Jules Ferry, avril 1870, salle Molière à Paris.

 

Mesdames et Messieurs

J'ai moi-même choisi le sujet [de cette conférence] ; je l'ai défini : De l'égalité de l'éducation,et je suis sûr que, parmi les personnes qui me font l'honneur de m'entendre, il en est un grand nombre qui, à l'aspect de ce titre un peu général, un peu mystérieux, se sont dit : quelle est cette utopie1? Or, ma prétention est de vous montrer que l'égalité d'éducation n'est pas une utopie ; que c'est un principe; qu'en droit, elle est incontestable et qu'en pratique, dans les limites que je dirai, et en vertu d'une expérience décisive que j'ai principalement pour but de vous faire connaître, cette utopie apparente est dans l'ordre des choses possibles. [...]

L'inégalité d'éducation est, en effet, un des résultats les plus criants et les plus fâcheux, au point de vue social, du hasard de la naissance. Avec l'inégalité d'éducation, je vous défie d'avoir jamais l'égalité des droits, non l'égalité théorique, mais l'égalité réelle, et l'égalité des droits est pourtant le fond même et l'essence de la démocratie.

Faisons une hypothèse et prenons la situation dans un de ses termes extrêmes : supposons que celui qui naît pauvre naisse nécessairement et fatalement ignorant; je sais bien que c'est là une hypothèse, et que l'instinct humanitaire et les institutions sociales, même celles du passé, ont toujours empêché cette extrémité de se produire ; il y a toujours eu dans tous les temps, - il faut le dire à l'honneur de l'humanité, - il y a toujours eu quelques moyens d'enseignement plus ou moins organisés, pour celui qui était né pauvre, sans ressources, sans capital. Mais, puisque nous sommes dans la philosophie de la question, nous pouvons supposer un état de choses où la fatalité de l'ignorance s'ajouterait nécessairement à la fatalité de la pauvreté, et telle serait, en effet, la conséquence logique, inévitable d'une situation dans laquelle la science serait le privilège exclusif de la fortune. Or, savez-vous, messieurs, comment s'appelle, dans l'histoire de l'humanité, cette situation extrême ? c'est le régime des castes. Le régime des castes faisait de la science l'apanage exclusif2 de certaines classes. Et si la société moderne n'avisait pas à séparer l'éducation, la science, de la fortune, c'est-à-dire du hasard de la naissance, elle retournerait tout simplement au régime des castes.

A un autre point de vue, l'inégalité d'éducation est le plus grand obstacle que puisse rencontrer la création de mœurs vraiment démocratiques. Cette création s'opère sous nos yeux; c'est déjà l'œuvre d'aujourd'hui, ce sera surtout l'œuvre de demain; elle consiste essentiellement à remplacer les relations d'inférieur à supérieur sur lesquelles le monde a vécu pendant tant de siècles, par des rapports d'égalité. Ici, je m'explique et je sollicite toute l'attention de mon bienveillant auditoire. Je ne viens pas prêcher je ne sais quel nivellement absolu des conditions sociales qui supprimerait dans la société les rapports de commandement et d'obéissance. Non, je ne les supprime pas : je les modifie. Les sociétés anciennes admettaient que l'humanité fut divisée en deux classes : ceux qui commandent et ceux qui obéissent; tandis que la notion du commandement et de l'obéissance qui convient à une société démocratique comme la nôtre, est celle-ci : il y a toujours, sans doute, des hommes qui commandent, d'autres hommes qui obéissent, mais le commandement et l'obéissance sont alternatifs, et c'est à chacun à son tour de commander et d'obéir. (Applaudissements.)

Enfin, dans une société qui s'est donné pour tâche de fonder la liberté, il y a une grande nécessité de supprimer les distinctions de classes. Je vous le demande, de bonne foi, à vous tous qui êtes ici et qui avez reçu des degrés d'éducation divers, je vous demande si, en réalité, dans la société actuelle, il n'y a plus de distinction de classes? Je dis qu'il en existe encore ; il y en a une qui est fondamentale, et d'autant plus difficile à déraciner que c'est la distinction entre ceux qui ont reçu l'éducation et ceux qui ne l'ont point reçue. Or, messieurs, je vous défie de faire jamais de ces deux classes une nation égalitaire, une nation animée de cet esprit d'ensemble et de cette confraternité d'idées qui font la force des vraies démocraties, si, entre ces deux classes, il n'y a pas eu le premier rapprochement, la première fusion qui résulte du mélange des riches et des pauvres sur les bancs de quelque école. (Applaudissements) [...]

1.Utopie : projet dont la réalisation est impossible.

2.  Apanage exclusif : privilège particulier.

Document 2:

Article 26

1.   Toute personne a droit à l'éducation. L'éducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne l'enseignement élémentaire et fondamental. L'enseignement élémentaire est obligatoire. L'enseignement technique et professionnel doit être généralisé ; l'accès aux études supérieures doit être ouvert en pleine égalité à tous en fonction de leur mérite.

2.   L'éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l'amitié entre

Envoyer les enfants à l'école. Lutter contre l'analphabétisme. Réduire la disparité entre garçons et filles. Et, ainsi, préparer une nouvelle génération qui prendra elle-même en main le destin économique et politique de son pays. Les experts sont unanimes : c'est grâce à l'éducation que l'Afrique parviendra à sortir de la misère. Ce n'est pas un hasard si l'un des objectifs que s'est fixés la communauté internationale lors du Sommet du Millénaire, organisé par les Nations unies en septembre 2000, prévoit notamment de « faire en sorte que tous les enfants du monde, filles et garçons, suivent un cycle primaire complet » dans le cadre plus global d'une réduction de moitié de la pauvreté, c'est-à-dire diviser par deux la population vivant avec moins de 1 dollar par jour, d'ici à 2015.

Quand on sait que dans les pays pauvres plus de 113 millions d'enfants, entre 6 et 12 ans, dont les deux tiers sont des filles, ne vont pas à l'école, l'objectif d'une scolarisation primaire pour tous est déjà une gageure[1] en soi. L'épidémie du sida rend sa réussite encore plus aléatoire. Dans un rapport publié lundi 8 juillet à l'occasion de la conférence de Barcelone consacrée à la prévention du sida, la Banque mondiale estime que, « dans les pays où l'infection est très haute, le virus du sida tue les enseignants plus vite qu'ils ne peuvent être formés ». Les professeurs meurent ou sont trop malades pour enseigner ; des enfants perdent leurs parents et le soutien qui leur permettait d'aller à l'école. C'est ainsi que, parmi les enfants scolarisés, un sur quatre quitte l'école avant d'avoir appris à lire et à écrire, relève l'institution. constat accablant

Sur les quelque 40 millions de personnes séropositives, 17,6 millions sont des femmes et 2,7 millions des enfants de moins de 15 ans. Les orphelins et les enfants vulnérables sont désormais près de 16 millions, à la suite de la mort de 25 millions d'adultes à la fin 2001. Et si l'épidémie affecte évidemment la croissance des pays en développement et accroît la pauvreté, son impact sur les systèmes éducatifs est encore plus dévastateur et lourd de conséquences à long terme. La Banque mondiale rappelle que, sur les 15 000 cas de sida détectés par jour dans le monde, la moitié concerne la tranche des 15-24 ans (chiffres 1999). [...]

Document 5: En Afrique le sida tue l’éducation

 

Ne pas atteindre l'objectif de scolarisation réduit les chances d'atteindre les autres buts que s'est fixés le Sommet du Millénaire, car l'éducation de base est la clé pour libérer les synergies, souligne la Banque mondiale. « L'éducation donne du pouvoir aux enfants, surtout aux filles, et renforce leur confiance en soi. Une mère éduquée se marie plus tard, choisit mieux le moment de sa maternité et sait mieux veiller sur sa santé et sur celle de son enfant. Les investissements dans la santé sont également plus efficaces lorsque les gens sont mieux éduqués, en raison notamment d'une meilleure hygiène.

Dans un village où l’analphabétisme est la norme, on entend souvent dire à quel point l’éducation d’une fille contribue de façon décisive à la qualité de vie et aux activités commerciales.

On entend dire que l’ordonnance d’un médecin ou les instructions inscrites sur un sac d’engrais deviennent tout à coup lisibles. Que les programmes éducatifs à la télévision commencent à être compréhensibles. Et, surtout, que l’exemple donné par les enfants a encouragé de nombreux adultes à suivre des cours d’alphabétisation. On peut dire sans exagération que grâce aux efforts de ces enfants, un village isolé porte désormais un nouveau regard sur le monde. [...]

L’initiative égyptienne s’appuyait sur l’action menée avec succès par l’UNICEF et le Gouvernement égyptien depuis le début des années 1990 : environ 200 écoles communautaires et 3 500 écoles d’une seule salle de classe ont été ouvertes. La suite des événements a ensuite été aussi rapide que favorable. Au cours d’une série de réunions de haut niveau présidées par la femme du Président, Son Excellence Mme Suzanne Moubarak, l’éducation des filles a été promue au rang de priorité absolue du développement de l’Égypte pour les cinq années à venir. Cette priorité se doublait d’une volonté de combler d’ici à 2007 l’écart entre filles et garçons et d’éduquer ainsi un demi- million de filles non scolarisées. Un groupe de travail national a été créé, réunissant une douzaine de ministères, ainsi que des ONG et des organismes des Nations Unies [...] ainsi que des groupes de travail locaux. Il s’agissait de groupes de bénévoles, constitués de membres de la communauté, de parents, de filles scolarisées ou non, d’ONG et de représentants des pouvoirs publics, grâce à la participation desquels les collectivités locales devaient être véritablement maîtres des écoles qui leur étaient destinées. L’ensemble du processus a été supervisé par le Conseil national pour l’enfance et la maternité, qui a pour Secrétaire général Moushira Khattab, et a bénéficié de l’appui de sept institutions du système des Nations Unies.

Source: D’après l’administrateur de l’UNICEF, chargé de l’éducation, Dr Malak, 2004.



[1]
Gageure : Acte, projet qui semble défier le bon sens.

Source: Babette Stem, Le Monde, 12 juillet 2002.

Document 6: Expérience en Égypte

Awatif Morsy n’oubliera jamais le jour où elle a entendu dire qu’une nouvelle école allait ouvrir ses portes dans son village.« Quelqu’un est venu chez nous demander les noms des enfants qui n’allaient pas à l’école », se souvient elle.« Ma mère leur a donné mon nom. J’étais folle de joie. » Comme la plupart des enfants de 8 ans du village de Beni Shara’an, Awatif passait jusque là sa vie à travailler dans les champs de blé des environs, un travail pénible, et à rester cloîtrée chez elle.

Pour des filles comme elle, la nouvelle école - une simple salle de classe au rez-de-chaussée d’une ancienne maison était un rêve devenu réalité. « On allait regarder les ouvriers décorer la salle. Tout était lumineux et coloré. Il y avait des jeux et des images, des choses que je n’avais jamais vues avant. »

Mais au village, tout le monde ne manifestait pas le même enthousiasme, du moins au départ. Certains agriculteurs craignaient que l’école ne les privât de la main-d'œuvre bon marché que constituaient les enfants. Même le beau- père d’Awatif n’était pas convaincu. « Pourquoi est-ce qu’une fille a besoin de s’instruire ? », demandait-il. Heureusement, ce n’était pas l’avis de Farouk Abdel Naim, le vieux marchand que l’on avait persuadé de faire don des locaux qui allaient servir d’école.

« J’ai fini par penser que l’éducation d’une fille est encore plus importante que celle d’un garçon », explique M. Abdel Naim. « Un homme arrive toujours à se sortir de la situation dans laquelle il se trouve, contrairement à une fille. Pour se débrouiller dans la vie, il faut qu’elle soit instruite. » Il est aujourd’hui difficile de trouver à Beni Shara’an une personne de plus de huit ans qui ne soit pas du même avis.

L’école, qui comprend maintenant trois salles de classe, est aujourd’hui considérée comme un bon investissement dont la communauté tire des résultats concrets.

Prenez l’exemple d’Ahmed Abdel Jaber, commerçant. Lui-même illettré, il a envoyé sa fille Rawia à l’école dès que celle-ci a ouvert ses portes.

« Avant que Rawia n’aille à l’école, la comptabilité de ma boutique était complètement en désordre », se souvient- il. « Mais très vite, elle s’est occupée de mes registres et a aidé sa sœur aînée à lire et à écrire. »

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