Франція. Les Moines

 

Émile Verhaeren

Les Moines

 

Moines venus vers nous des horizons gothiques,

Mais dont l’âme, mais dont l’esprit meurt de demain,

Qui reléguez l’amour dans vos jardins mystiques

Pour l’y purifier de tout orgueil humain,

Fermes, vous avancez par les routes des hommes,

Les yeux hallucinés par les feux de l’enfer,

Depuis les temps lointains jusqu’au jour où nous sommes,

Dans les âges d’argent et les siècles de fer,

Toujours du même pas sacerdotal et large.

Seuls vous survivez grands au monde chrétien mort,

Seuls sans ployer le dos vous en portez la charge

Comme un royal cadavre au fond d’un cercueil d’or.

Moines - oh ! les chercheurs de chimères sublimes

Vos cris d’éternité traversent les tombeaux,

Votre esprit est hanté par la lueur des cimes,

Vous êtes les porteurs de croix et de flambeaux

Autour de l’idéal divin que l’on enterre.

Oh ! les moines vaincus, altiers, silencieux,

Oh ! les géants debout sur les bruits de la terre,

Qui n’écoutez que le seul bruit que font les cieux

Moines grandis parmi l’exil et les défaites,

Moines chassés, mais dont les vêtements vermeils

Illuminent la nuit du monde, et dont les têtes

Passent dans la clarté des suprêmes soleils,

Nous vous magnifions, nous les poètes calmes.

Et puisque rien de fier n’est aujourd’hui vainqueur,

Puisqu’on a rabattu vers la fange les palmes,

Moines, grands isolés de pensée et de cœur,

Avant que la dernière âme ne soit tuée,

Mes vers vous bâtiront de mystiques autels

Sous le velum errant d’une chaste nuée,

Afin qu’un jour cette âme aux désirs éternels,

Pensive et seule et triste au fond de la nuit blême,

De votre gloire éteinte allume encor le feu,

Et songe à vous encor quand le dernier blasphème

Comme une épée immense aura transpercé Dieu !

Dans un pesant repos d’après-midi vermeil,

Les stalles en vieux chêne éteint sont alignées,

Et le jour traversant les fenêtres ignées

Etale, au fond du choeur, des nattes de soleil.

Et les moines dans leurs coules toutes les mêmes,

- Mêmes plis sur leur manche et mêmes sur leur froc,

Même raideur et même attitude de roc -

Sont là debout, muets, plantés sur deux rangs blêmes.

Et l’on s’attend à voir leurs gestes arrêtés

Se prolonger soudain et les versets chantés

Rompre, à tonnantes voix, ces silences qui pèsent;

Mais rien ne bouge, au long du sombre mur qui fuit,

Et les heures s’en vont, par le couvent, sans bruit,

Et toujours et toujours les grands moines se taisent.

A pleine voix - midi s’exaltant au dehors

Et les champs reposant - les nones sont chantées,

Dans un balancement de phrases répétées

Et hantantes, comme un rappel de grands remords.

Et peu à peu les chants prennent de tels essors,

Les antiennes sont sur de tels vols portées

A travers l’ouragan des notes exaltées,

Que tremblent les vitraux, au fond des corridors.

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