Франція. Lettre à la Jeunesse

 

Émile Zola

Lettre à la Jeunesse

 

-          Où allez-vous, jeunes gens, où allez-vous, étudiants, qui courez en bandes par les rues, manifestant au nom de vos colères et de vos enthousiasmes, éprouvant l’impérieux besoin de jeter publiquement le cri de vos consciences indignées ?

Allez-vous protester contre quelque abus du pouvoir, a-t-on offensé le besoin de vérité et d’équité, brûlant encore dans vos âmes neuves, ignorantes des accommodements politiques et des lâchetés quotidiennes de la vie ?

Allez-vous redresser un tort social, mettre la protestation de votre vibrante jeunesse dans la balance inégale, où sont si faussement pesés le sort des heureux et celui des déshérités de ce monde ?

Allez-vous, pour affirmer la tolérance, l’indépendance de la raison humaine, siffler quelque sectaire de l’intelligence, à la cervelle étroite, qui aura voulu ramener vos esprits libérés à l’erreur ancienne, en proclamant la banqueroute de la science ?

Allez-vous crier, sous la fenêtre de quelque personnage fuyant et hypocrite, votre foi invincible en l’avenir, en ce siècle prochain que vous apportez et qui doit réaliser la paix du monde, au nom de la justice et de l’amour?

-          Non, non ! Nous allons huer un homme, un vieillard, qui, après une longue vie de travail et de loyauté, s’est imaginé qu’il pouvait impunément soutenir une cause généreuse, vouloir que la lumière se fasse et qu’une erreur soit réparée, pour l’honneur même de la patrie française !

Ah, quand j’étais jeune moi-même, je l’ai vu, le Quartier latin, tout frémissant des fières passions de la jeunesse, l’amour de la liberté, la haine de la force brutale, qui écrase les cerveaux et comprime les âmes. Je l’ai vu, sous l’Empire, faisant son oeuvre brave d’opposition, injuste même parfois, mais toujours dans un excès de libre émancipation humaine. Il sifflait les auteurs agréables aux Tuileries, il malmenait les professeurs dont l’enseignement lui semblait louche, il se levait contre quiconque se montrait pour les ténèbres et pour la tyrannie. En lui brûlait le foyer sacré de la belle folie des vingt ans, lorsque toutes les espérances sont des réalités, et que demain apparaît comme le sûr triomphe de la Cité parfaite.

Et, si l’on remontait plus haut, dans cette histoire des passions nobles, qui ont soulevé la jeunesse des écoles, toujours on la verrait s’indigner sous l’injustice, frémir et se lever pour les humbles, les abandonnés, les persécutés, contre les féroces et les puissants. Elle a manifesté en faveur des peuples opprimés, elle a été pour la Pologne, pour la Grèce, elle a pris la défense de tous ceux qui souffraient, qui agonisaient sous la brutalité d’une foule ou d’un despote. Quand on disait que le Quartier latin s’embrasait, on pouvait être certain qu’il y avait derrière quelque flambée de juvénile justice, insoucieuse des ménagements, faisant d’enthousiasme une oeuvre du coeur. Et quelle spontanéité alors, quel fleuve débordé coulant par les rues !

Je sais bien qu’aujourd’hui encore le prétexte est la patrie menacée, la France livrée à l’ennemi vainqueur, par une bande de traîtres. Seulement, je le demande, où trouvera-t-on la claire intuition des choses, la sensation instinctive de ce qui est vrai, de ce qui est juste, si ce n’est dans ces âmes neuves, dans ces jeunes gens qui naissent à la vie publique, dont rien encore ne devrait obscurcir la raison droite et bonne ? Que les hommes politiques, gâtés par des années d’intrigues, que les journalistes, déséquilibrés par toutes les compromissions du métier, puissent accepter les plus impudents mensonges, se boucher les yeux à d’aveuglantes clartés, cela s’explique, se comprend. Mais elle, la jeunesse, elle est donc bien gangrenée déjà, pour que sa pureté, sa candeur naturelle, ne se reconnaisse pas d’un coup au milieu des inacceptables erreurs, et n’aille pas tout droit à ce qui est évident, à ce qui est limpide, d’une lumière honnête de plein jour!

Il n’est pas d’histoire plus simple. Un officier a été condamné, et personne ne songe à suspecter la bonne foi des juges. Ils l’ont frappé selon leur conscience, sur des preuves qu’ils ont cru certaines. Puis, un jour, il arrive qu’un homme, que plusieurs hommes ont des doutes, finissent par être convaincus qu’une des preuves, la plus importante, la seule du moins sur laquelle les juges se sont publiquement appuyés, a été faussement attribuée au condamné, que cette pièce est à n’en pas douter de la main d’un autre. Et ils le disent, et cet autre est dénoncé par le frère du prisonnier, dont le strict devoir était de le faire ; et voilà, forcément, qu’un nouveau procès commence, devant amener la revision du premier procès, s’il y a condamnation. Est-ce que tout cela n’est pas parfaitement clair, juste et raisonnable ? Où y a-t-il, là-dedans, une machination, un noir complot pour sauver un traître? Le traître, on ne le nie pas, on veut seulement que ce soit un coupable et non un innocent qui expie le crime. Vous l’aurez toujours, votre traître, et il ne s’agit que de vous en donner un authentique.

v� op� �� bler, et les grâces que Dieu te a données, icelles ne reçoipz en vain. Et quand tu congnoistras que auras tout le sçavoir de par delà acquis, retourne vers moy, affin que je te voye et donne ma bénédiction devant que mourir.

 

Mon filz, la paix et grâce de Nostre Seigneur soit avecques toy. Amen.

De Utopie, ce dix-septiesme jour du moys de mars.

Ton père,

GARGANTUA.

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