Франція. Les joues en feu

 

Raymond Radiguet

Les joues en feu

 

Cheveux d’Ange

Des anges chauves tissent les fils de la vierge.

Toile d’araignée, l’étoile du désespoir.

Mouches enivrées, joueurs de tennis, malgré les filets,

malgré l’azur insolent qui nous limite,

continuons à charmer les lectrices des magazines anglais.

Montagnes russes ou Voyage de noces

À ma place Le lecteur et sa gracieuse compagne

Aux abeilles feraient la chasse

Mon amour Le pot de miel est à moitié vide

Un ciel à peine aussi tranquille Que le ciel de notre lit

Jeune mariée Violette Qui souriez sous la voilette

Sans retard réclamez la terre ferme

Tombeau de Vénus

Jouets des vagues, vos oreilles roses.

O mes cousines, plus légères que l’onde, pourquoi

l’orphéon océanique vous fait-il frissonner ?

Voici Vénus. (Mais si vous voulez grandir, mes

petites cousines, vous n’avez pas de temps à perdre.)

Aujourd’hui, cueillette des plumes d’autruche ;

bouquet de vagues frisées, l’éventail de Vénus.

Si elle se noie, nous lui élèverons un tombeau en coquillages.

 

Halte

Cycliste en jupe-culotte !

À travers tous les âges, la route nationale mollement se déroule, comme ta bande molletière.

Le culte des obstacles est en honneur chez nos ancêtres gaulois : poursuis poursuis le petit bonhomme des chemins, malgré la borne kilométrique qui t’invite à la fatigue, au repos de l’amour.

Le Langage des fleurs ou des étoiles

J’ai demeuré pendant quelque temps dans une maison où les douze jeunes filles ressemblaient aux mois de l’année. Je pouvais danser avec elles, mais je n’avais que ce droit, il m’était même défendu de parler. Un jour de pluie, pour me venger, j’offris à chacune des fleurs rapportées de voyage. Il y en eut qui comprirent. Après leur mort, je me déguisai en Bandit pour faire peur aux autres. Elles faisaient exprès de ne pas s’en apercevoir. En été tout le monde allait prendre l’air. Nous comptions les étoiles chacun de notre côté. Lorsque j’en trouvai une en trop, je n’ai rien dit.

Les jours de pluie seraient-ils passé ? Le ciel se referme, vous n’avez pas l’oreille assez fine.

Écho

Petite niaise ! qui, pour me plaire, se fait fine taille : sa ceinture pourrait être ma couronne. Ville, statue géante, avec, en guise de ceinture, un chemin de fer. Villas abandonnées, instruments de musique qu’on n’a pas baptisés. Gai comme la romance d’un arbre en exil, le vent du Sud émeut les clochettes que le hasard accrocha au cou des beautés déchues.

Banlieue criminelle ; ici, les roses sont des lanternes sourdes. À quoi pensez-vous ? Quand il mourut, Narcisse avait mon âge. Lac, miroir concave ; pour mon anniversaire le lac m’a fait cadeau d’une image qui m’épouvante.

Emploi du Temps

Mécontents si Dimanche ignore les pensums,

Au lieu de mots anglais mâchons du chewin-gum. Souriez un peu, aurore à mon gré volage :

Le bonnet d’âne sied à ravir à votre âge.

On a le temps de rougir durant les vacances.

Puis après avoir lu tous les livres de prix,

Bouche en cœur, apprends à chanter faux des romances, Souriant aux rosiers nains qui n’ont pas fleuri.

Une à une mes chansons mouraient en chemin.

« Le lieu du rendez-vous ». Déteigne une pancarte :

Le moindre de mes soucis, pourvu que demain Les gratte-ciel jalousent mes châteaux de cartes.

Les doigts engourdis à force de réussites,

(Elle dans l’herbe folle perdant la raison)

Mensonges en fleurs ! Les soirs où vous vous assîtes Les nouai-je en gerbe avec les brins du gazon ?

Votre regard m’accompagne en train de plaisr.

Plus morte que vive sous le pont qui l’outrage,

La rivière roule des sanglots de plaisir.

À la fin eux seuls compagnons de mes voyages.

Conclusion

Lasse de soulever d’indociles collines Délaisse sans pleurs les pensums que j’inventais ; Aurore ! adieu ! en lambeaux la robe d’Été,

Je me sens assez fort pour regagner les villes.

Les joues en feu (1925)

Avant-Propos

Je publie ces poèmes dans l’ordre chronologique. C’est le seul qui leur convienne. Car, loin de chérir cette sorte de colin-maillard auquel des écrivains se livrent avec leurs lecteurs, je n’ai d’autre souci que d’être entendu. En relisant ces poèmes, détachés de moi, il me semble qu’ils peuvent apporter quelques lueurs sur un âge assez obscur - le véritable âge ingrat, seize, dix-sept, dix-huit ans. À ce moment de la vie, les mois ont la valeur d’années. Cette dernière considération m’a décidé à faire lire ces poèmes comme ils furent écrits. J’ai préféré sacrifier à l’agrément typographique, plutôt que d’éteindre ces lueurs, qui proviennent à la fois des feux naturels à l’aurore, et d’incendies moins prévus.

Le premier de mes poèmes, Langage des fleurs et des étoiles, est daté de mars 1919, le dernier d’août 1921. C’est à ce moment que je commençai Le Diable au corps. Depuis, je n’ai pas écrit de poèmes. Mais si celui qui ferme ce recueil s’appelle Un cygne mort..., il ne faut y voir aucune malveillance à mon adresse.

J’éprouve des sentiments trop tendres envers la clarté, pour garder le silence sur le mystère de ces poèmes, et feindre de l’ignorer. Ce mystère ne provient nullement d’une esthétique, il n’est point le résultat d’un pari. Je n’en trouverai pas la justification où l’on a coutume de l’aller chercher. Pourquoi m’autoriserais-je de l’obscurité de certains de mes devanciers. Si l’on me blâme, si l’on me loue, il ne faut louer ou blâmer que moi - mes poèmes sont l’expression naturelle d’un mélange de pudeur, de cachotterie propre à l’âge auquel ils ont été écrits. Si tout n’y est pas clair, il n’en faut point accuser mes poètes préférés. Car c’est Ronsard, Chénier, Malherbe, La Fontaine, Tristan Lhermite, qui m’ont dit ce qu’est la poésie. Si j’en goûte de plus récents, je n’ai pas pu en tirer de leçon, du moins aucune qui me donnât envie de les suivre. Quels mauvais maîtres ont enseigné à toute une jeunesse que, pour atteindre au cœur des choses, il suffit de les dépouiller de tout ce qui les entoure, et qu’en supprimant les barrières, on touche la poésie de plus près ?

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