Франція. Les Mille et Une Nuits III

 

Contes Arabes

Les Mille et Une Nuits III

 

—        Madame, répondit la princesse, je vois bien que Votre Majesté vient pour se moquer aussi de moi ; mais je vous déclare que je n’aurai pas de repos que je n’aie épousé l’aimable cavalier qui a couché cette nuit avec moi. Vous devez savoir où il est ; je vous supplie de le faire revenir. — Ma fille, reprit la reine, vous me surprenez, et je ne comprends rien à votre discours. » La princesse perdit le respect. « Madame, répliqua-t-elle, le roi mon père et vous m’avez persécutée pour me contraindre à me marier, lorsque je n’en avais pas d’envie ; cette envie m’est venue présentement, et je veux absolument avoir pour mari le cavalier que je vous ai dit ; sinon, je me tuerai. »

La reine tâcha de prendre la princesse par la douceur. « Ma fille, lui dit-elle, vous savez bien vous-même que vous êtes seule dans votre appartement et qu’aucun homme ne peut y entrer. » Mais, au lieu d’écouter, la princesse l’interrompit et fit des extravagances qui obligèrent la reine de se retirer avec une grande affliction, et d’aller informer le roi de tout.

Le roi de la Chine voulut s’éclaircir lui-même de la chose : il vint à l’appartement de la princesse sa fille et lui demanda si ce qu’il venait d’apprendre était véritable. « Sire, répondit-elle, ne parlons pas de cela ; faites-moi seulement la grâce de me rendre l’époux qui a couché cette nuit avec moi.

—        Quoi ma fille ! reprit le roi, est-ce que quelqu’un a couché avec vous cette nuit ? — Comment, sire, repartit la princesse sans lui donner le temps de poursuivre, vous me demandez si quelqu’un a couché avec moi ! Votre Majesté ne l’ignore pas. C’est le cavalier le mieux fait qui ait jamais paru sous le ciel. Je vous le redemande, ne me refusez pas, je vous en supplie. Afin que Votre Majesté ne doute pas, continua-t-elle, que je n’aie vu le cavalier, qu’il n’ait couché avec moi, que je ne l’aie caressé et que je n’aie fait des efforts pour l’éveiller, sans y avoir réussi, voyez, s’il vous plaît, cette bague. » Elle avança la main ; et le roi de la Chine ne sut que dire, quand il eut vu que c’était la bague d’un homme. Mais comme il ne pouvait rien comprendre à tout ce qu’elle lui disait, et qu’il l’avait renfermée comme folle, il la crut encore plus folle qu’auparavant. Ainsi, sans lui parler davantage, de crainte qu’elle ne fît quelque violence contre sa personne ou contre ceux qui s’approcheraient d’elle, il la fit enchaîner et resserrer plus étroitement et ne lui donna que sa nourrice pour la servir, avec une bonne garde à la porte.

Le roi de la Chine, inconsolable du malheur qui était arrivé à la princesse sa fille, d’avoir perdu l’esprit, à ce qu’il croyait, songea aux moyens de lui procurer la guérison. Il assembla son conseil ; et après avoir exposé l’état où elle était : « Si quelqu’un de vous, ajouta-t-il, est assez habile pour entreprendre de la guérir, et qu’il y réussisse, je la lui donnerai en mariage et le ferai héritier de mes États et de ma couronne après ma mort. »

Le désir de posséder une belle princesse et l’espérance de gouverner un jour un royaume aussi puissant que celui de la Chine firent un grand effet sur l’esprit d’un émir déjà âgé, qui était présent au conseil. Comme il était habile dans la magie, il se flatta d’y réussir et s’offrit au roi. « j’y consens, reprit le roi ; mais je veux bien vous avertir auparavant que c’est à condition de vous faire couper le cou si vous ne réussissez pas : il ne serait pas juste que vous méritassiez une si grande récompense sans risquer quelque chose de votre côté. Ce que je dis de vous, je le dis de tous les autres qui se présenteront après vous, au cas que vous n’acceptiez pas la condition ou que vous ne réussissiez pas. »

L’émir accepta la condition, et le roi le mena lui-même chez la princesse. La princesse se couvrit le visage dès qu’elle vit paraître l’émir. « Sire, dit-elle, Votre Majesté me surprend, de m’amener un homme que je ne connais pas et à qui la religion me défend de me laisser voir. — Ma fille, reprit le roi, sa présence ne doit pas vous scandaliser : c’est un de mes émirs, qui vous demande en mariage. — Sire, repartit la princesse, ce n’est pas celui que vous m’avez déjà donné et dont j’ai reçu la foi par la bague que je porte : ne trouvez pas mauvais que je n’en accepte pas un autre. » L’émir s’était attendu que la princesse ferait et dirait des extravagances. Il fut très étonné de la voir tranquille et parler de si bon sens ; et il connut parfaitement qu’elle n’avait pas d’autre folie qu’un amour très violent, qui devait être bien fondé. Il n’osa pas prendre la liberté de s’en expliquer au roi. Le roi n’aurait pu souffrir que la princesse eût ainsi donné son cœur à un autre que celui qu’il voulait lui donner de sa main. Mais, en se prosternant à ses pieds : Sire, dit-il, après ce que je viens d’entendre, il serait inutile que j’entreprisse de guérir la princesse ; je n’ai pas de remèdes propres à son mal, et ma vie est à la disposition de Votre Majesté. » Le roi, irrité de l’incapacité de l’émir et de la peine qu’il lui avait donnée, lui fit couper la tête.

Quelques jours après, afin de n’avoir pas à se reprocher d’avoir rien négligé pour procurer la guérison à la princesse, ce monarque fit publier dans sa capitale que, s’il y avait quelque médecin, astrologue, magicien assez expérimenté pour la rétablir en son bon sens, il n’avait qu’à venir se présenter, à condition de perdre la tète s’il ne la guérissait pas. Il envoya publier la même chose dans les principales villes de ses Etats et dans les cours des princes ses voisins.

Le premier qui se présenta fut un astrologue et magicien, que le roi fit conduire à la prison de la princesse par un eunuque. L’astrologue tira d’un sac, qu’il avait apporté sous le bras, un astrolabe, une petite sphère, un réchaud, plusieurs sortes de drogues propres à des fumigations, un vase de cuivre, avec plusieurs autres choses, et demanda du feu.

La princesse de la Chine demanda ce que signifiait tout cet appareil. « Princesse, répondit l’eunuque, c’est pour conjurer le malin esprit qui vous possède, le renfermer dans le vase que vous voyez et le jeter au fond de la mer.

—        Maudit astrologue s’écria la princesse, sache que je n’ai pas besoin de tous ces préparatifs, que je suis dans mon bon sens et que tu es insensé toi-même. Si ton pouvoir va jusque-là, amène-moi seulement celui que j’aime c’est le meilleur service que tu puisses me rendre. — Princesse, reprit l’astrologue, si cela est ainsi, ce n’est pas de moi, mais du roi votre père uniquement que vous devez l’attendre. » Il remit dans son sac ce qu’il en avait tiré, bien fâché de s’être engagé si facilement à guérir une maladie imaginaire.

Quand l’eunuque eut ramené l’astrologue devant le roi de la Chine, l’astrologue n’attendit pas que l’eunuque parlât au roi, il lui parla lui- même d’abord. « Sire, lui dit-il, avec hardiesse, selon que Votre Majesté l’a fait publier et qu’elle me l’a confirmé elle-même, j’ai cru que la princesse était folle, et j’étais sûr de la rétablir en son bon sens par les secrets dont j’ai connaissance ; mais je n’ai pas été longtemps à reconnaître qu’elle n’a pas d’autre maladie que celle d’aimer, et mon art ne s’étend pas jusqu’à remédier au mal d’amour. Votre Majesté y remédiera mieux que personne, quand elle voudra lui donner le mari qu’elle demande. »

Le roi traita cet astrologue d’insolent et lui fit couper le cou. Pour ne pas ennuyer Votre Majesté par des répétitions, tant astrologues que médecins et magiciens, il s’en présenta cent cinquante, qui eurent tous le même sort, et leurs têtes furent rangées au-dessus de chaque porte de la ville.

La nourrice de la princesse de la Chine avait un fils nommé Mar- zavan, frère de lait de la princesse, qu’elle avait nourri et élevé avec elle. Leur amitié avait été si grande pendant leur enfance, tout le temps qu’ils avaient été ensemble, qu’ils se traitaient de frère et de sœur, même après que leur âge un peu avancé eût obligé de les séparer.

Entre plusieurs sciences, dont Marzavan avait cultivé son esprit, dès sa plus grande jeunesse, son inclination l’avait porté particulièrement à l’étude de l’astrologie judiciaire, de la géomance 6 et d’autres sciences secrètes, et il s’y était rendu très habile. Non content de ce qu’il avait appris de ses maîtres, il s’était mis en voyage, dès qu’il se fut senti assez de forces pour en supporter la fatigue. Il n’y avait pas d’homme célèbre, en aucune science et en aucun art, qu’il n’eût été chercher dans les villes les plus éloignées et qu’il n’eût fréquenté assez de temps pour en tirer toutes les connaissances qui étaient de son goût.

Après une absence de plusieurs années, Marzavan revint enfin à la capitale de la Chine ; et les têtes coupées et rangées qu’il aperçut au- dessus de la porte par où il entra le surprirent extrêmement. Dès qu’il fut rentré chez lui, il demanda pourquoi elles y étaient ; et, sur toutes choses, il s’informa des nouvelles de la princesse, sa sœur de lait, qu’il n’avait pas oubliée. Comme on ne put le satisfaire sur la première demande sans y comprendre la seconde, il apprit en gros ce qu’il souhaitait, avec bien de la douleur, en attendant que sa mère, nourrice de la princesse, lui en apprit davantage.

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